Le royaume des abysses

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A partir de 10 ans – VF – De Tian Xiaopeng

Avec Aaricia Dubois, Wang Tingwen, Su Xin
1h 52min | Aventure, Animation, Fantastique

Synopsis et critique : Utopia

Après la mirifique incursion d’Alice au pays des Merveilles, après le voyage ébouriffant de Chihiro, on prend les paris que la plongée de la petite Shenxiu dans le Royaume des Abysses vous laissera béats d’admiration, sans voix, subjugués devant ce spectacle de formes et de couleurs encore jamais vu au ciné. Tout commence par une nuit de tempête, lors d’une croisière. Shenxiu, mal aimée au sein d’une famille recomposée, croit entendre la voix de sa mère qu’elle n’a plus vue depuis des années. Elle plonge à corps perdu dans les vagues pour la rejoindre et perd conscience, emportée par les flots déchaînés. À son réveil, elle est accrochée à une bouée jaune et se retrouve dans un monde aquatique étrange, peuplé de créatures surprenantes, qui fréquentent un étrange restaurant-sous-marin, lequel navigue en eaux profondes, sillonnant dans tous les sens cette mer aux couleurs d’aquarelle. Visiblement endetté et en quête de reconnaissance, Nanhe, patron du resto et maître à bord du bâtiment, use de ses pouvoirs magiques pour cuisiner, attirer les clients et gérer son équipage riche en numéros de foire. À partir de sa rencontre avec Shenxiu, il décide de partir à la recherche de l’Œil des Abysses, où vivraient des poissons que nul autre n’a cuisinés auparavant, et où la petite fille pourrait retrouver sa mère.

Ainsi commence leur fabuleux voyage qui mènera le spectateur aux confins d’un monde riche de symboles et d’images éblouissantes. Tous les admirateurs du travail de Hayao Miyazaki retrouveront dans ce film chinois, qui s’en inspire goulûment, la même capacité à littéralement déborder : d’imagination, d’interprétations, d’influences et de motifs. Pour autant, Le Royaume des Abysses s’affirme comme un film unique. La richesse de son animation, son esthétique singulière, son monde éblouissant et ses nombreuses thématiques l’élèvent d’emblée aux sommets du cinéma d’animation, quasiment au niveau des films du vieux Maître japonais. Pendant près de deux heures, Le Royaume des Abysses nous emporte dans un impétueux tumulte de musiques, d’images et de personnages. Cette odyssée touchante autant en rires qu’en larmes émerveillera sans coup férir les petits comme les grands.
Le périple de Shenxiu, emmenée par Nanhe et son équipage, n’est pas de tout repos : ils sont inquiétés par la poursuite d’un démon rouge et visqueux, assaillis par des clients aussi gourmands qu’exigeants… Mais derrière chaque embûche aventureuse se cache un moment intime et sincère, tantôt faisant affleurer les souvenirs de la petite fille, tantôt illustrant les angoisses du capitaine de bord. Famille recomposée, course à la reconnaissance, à la richesse, ou encore passage difficile de l’enfance à l’adolescence, les questionnements du film sont nombreux et leur traitement d’une justesse rare.

La petite fille privée de l’amour de ses parents et son ami et guide névrosé par sa quête obsessionnelle de gloire nous accompagnent dans l’exploration de ces merveilleuses abysses, véritable plongée dans la psyché de l’héroïne, naviguant entre ses espoirs et ses craintes, ses joies, ses peines et ses rêves. Le film de Tian Xiaopeng n’est pas un parent si éloigné que ça du roman de Lewis Carroll, Shenxiu partageant in fine avec l’Alice du livre beaucoup plus qu’on ne pouvait l’imaginer. Embarquer pour Le Royaume des Abysses, c’est plonger dans un grand tourbillon d’images et d’émotions. C’est se laisser porter par son chaos et sa beauté. C’est prendre part à une odyssée inoubliable aux mille couleurs et aux mille lumières.

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