L’odeur du vent

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[Cinéma] – VOST (IR) – De Hadi Mohaghegh

Avec Hadi Mohaghegh, Mohammad Eghbali
1h 30min / Aventure

+ Memory of water – 2021/FR/6mn (court métrage précédant le film)

Synopsis et critique : Utopia

L’Odeur du vent est une douce parabole de l’existence et des liens qui nous unissent ici-bas. Dans un Iran calme et rural, verdoyant, loin de nos imaginaires actuels incandescents et dépouillé de tous les artifices de la civilisation, nous suivons un homme qui vit seul dans une maison isolée avec son fils alité. À cause d’une panne d’électricité, l’homme fait appel à un ingénieur du service public. Lequel prend à cœur de l’aider dans la plus grande diligence. Mais la pièce défectueuse manque au stock et il doit partir ailleurs à sa recherche, ne manquant pas de faire de multiples rencontres et d’affronter mille et un obstacles.

Dans une économie dramaturgique assumée et un rapport au temps à l’opposé de l’injonction à la célérité que l’on connait, le film avance au rythme de ses personnages, tous confrontés à l’intransigeance matérielle du réel. Ici, raccommoder une chaussette pour son épouse, cueillir un bouquet de fleurs pour son amoureuse ou gratter la pierre médicinale dans la montagne n’est pas moins essentiel pour l’un que récupérer cette douille pour le pylône pour l’autre ou regonfler un matelas. Toutes ces entreprises, aussi diverses soient-elles, le film ne les hiérarchise pas et c’est sans doute sa force : il les place au même niveau, tant dans le besoin impérieux de leur réalisation que dans les difficultés à mener celle-ci à bien. Car n’en déplaise aux réseaux sociaux, l’existence ne se mesure pas ni ne se compare. En outre, chacune de ces entreprises trouve sa motivation et sa destination en l’autre, et aucune d’entre elles ne se réalisera sans la rencontre fortuite ou non, de l’autre. Et c’est peut-être là que se situe l’idée principale du film : en dépit de l’isolement et de la solitude, peut-être parfois même du sentiment grave de déréliction face à l’obstacle infranchissable, il existe bel et bien un canal, un câble qui attestent que nous sommes reliés les uns aux autres. Cette matérialité irréfutable que le film met en scène n’en demande pas moins du travail, du soin, et un sens des responsabilités qu’il convient à chacun de prendre à son échelle. Gare à celui qui y ferait défaut !

Avec un sens aigu du cadre, au cœur de paysages d’une grande beauté, le film s’exprime, patiemment, dans une économie de parole et une pudeur propre à l’Orient, emprunt d’une sagesse multimillénaire où l’autre, l’étranger, peu importe son allure, mérite souci et attention (car il pourrait bien être un dieu déguisé). Le réalisateur se fait à la fois passeur en contant cette épopée miniature, et acteur, puisque c’est lui-même qui joue le rôle de l’électricien, celui qui cherche à rétablir la lumière.
Grâce à une mise en scène minimaliste, le film s’avère, comme ses personnages, à la fois humble et déterminé, fragile et lumineux, vulnérable et puissant. Et il réussit le prodige de capter quelque chose d’aussi insaisissable que la condition humaine, d’aussi insaisissable que l’énergie et la lumière : l’odeur du vent.

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