Les Vieux fourneaux 2 : bons pour l’asile

Chargement Évènements

[Cinéma] – De Christophe Duthuron

Avec Pierre Richard, Eddy Mitchell, Bernard Le Coq
1h 37min / Comédie

Synopsis et critique : Utopia

C’est la routine à Paris pour Pierrot (Pierre Richard), qui mène toujours son gang de vieux en colère dans des actions et coups d’éclats revendicatifs qui les conduisent invariablement… à la maison poulaga ! C’est que dans cette France frileuse et repliée sur-elle-même, il y a bien des raisons d’être (encore et toujours) énervé. Contre la société de consommation, le gouvernement, les flics, les politiques migratoires, les paradis fiscaux et j’en passe. Et quand ce militant au grand cœur des causes sensibles, têtu comme une mule et impulsif comme un toutou affamé devant une cuisse de poulet, apprend que le QG de leurs actions – qui héberge une demi-douzaine de réfugiés en demande de régularisation – est menacé d’expropriation, la seule solution à ses yeux est d’emmener tout ce beau monde au vert. Il faut dire que ce havre de liberté, d’humanité, de fraternité fait un peu tache dans le quartier chic et bourgeois où il est niché. Et le légataire de la vieille et fortunée Fanfan (Claire Nadeau irrésistible en Madame Foldingue pas si zinzin que cela), qui en est l’unique propriétaire, voudrait bien envoyer celle-ci à l’asile afin de récupérer le pactole immobilier.

Le vert en question, c’est Montcœur, village bien tranquille du Sud-Ouest où Antoine (Bernard Lecoq) tente de préserver son mode de vie pépère tout en jouant les papys-gâteaux pour sa petite fille. Autant dire que l’arrivée de Pierrot et de ses réfugiés ne va pas vraiment passer inaperçue dans cette terre de chasse, de pêche et surtout de traditions où l’inénarrable Larquebuse (qui ressemble et parle comme Jean Lassalle), le maire en place depuis des décennies, brigue un énième mandat. Un véritable mini séisme culturel et politique va mettre en ébullition ce petit coin de campagne bien tranquille d’autant que les vieux anars n’ont rien perdu de leur créativité, de leur verve et de leur énergie pour mettre à mal les préjugés bien enracinés dans les crânes et dans les intentions de vote des indigènes.
Cette seconde adaptation au cinéma de la saga BD à succès Les Vieux fourneaux (6 tomes parus) reprend le titre et l’intrigue du tome 5 mais avec pas mal de libertés. Côté réalisation et casting, on prend (presque) les mêmes et on recommence (Bernard Lecoq remplaçant Roland Giraud dans le rôle d’Antoine).

Christophe Duthuron place au cœur de son récit – plus engagé et politique que celui de l’opus 1 – une réalité toujours aussi clivante dans la France d’aujourd’hui, celle de l’immigration et de l’accueil des réfugiés. Sans moralisme béat ni condamnation facile, le film propose modestement de changer le regard sur l’autre, cet inconnu qu’il est plus facile de stigmatiser que de chercher à connaître.
C’est une « suite » sympathique et franchement cocasse qui a plus de corps que son prédécesseur et charme davantage par ses nuances d’observations et son contenu militant. Pas la peine d’avoir vu le 1 pour comprendre le 2, vous serez séduits par la gouaille, l’indécrottable foi en l’humanité et l’optimisme à toute épreuve de cette bande de vieux gamins terriblement attachants.

Aller en haut