VOST (JP) – De Kiyoshi Kurosawa
Avec Masaki Suda, Kotone Furukawa, Daiken Okudaira
Interdit au – 12 ans | 4 juin 2025 en salle | 2h 03min | Action, Thriller
Synopsis et critique : Utopia
Thriller flippant et d’une lucidité implacable sur les dérives de nos sociétés modernes hyperconnectées, Cloud interroge le pouvoir pernicieux d’Internet, reprenant le concept de Kaïro (2001) en l’épurant cette fois de toute dimension paranormale. À quoi bon faire résider l’horreur dans une force spectrale abstraite, quand l’animosité déployée sur les réseaux sociaux et les mécanismes paralysants du capitalisme se suffisent à eux-mêmes ?
Ryosuke est ouvrier dans une usine textile et aspire à plus qu’un travail épuisant, couvrant à peine ses besoins et ceux de sa petite amie Akiko. Il décide donc de quitter son emploi pour se lancer dans le commerce en ligne de marchandises qu’il achète à prix cassés, profitant des situations souvent dramatiques de leurs propriétaires, et revend à prix d’or. Une activité pour le moins contraire à l’éthique – et même à tout sens moral – tant la provenance et la qualité des produits revendus importent peu aux yeux de Ryosuke. Seuls les bénéfices défilant sur son écran hypnotisent son regard vide. Comme une addiction au jeu, il se retrouve à courir après son ivresse d’achat, à mesure que sa réputation de revendeur douteux (sous le pseudonyme de « Ratel ») se répand en ligne…
Plusieurs incidents lui font prendre conscience de la menace qui plane sur sa vie à Tokyo. Un nouveau départ, dans une grande maison au bord d’un lac à la campagne, lui offre quelques jours de répit autant qu’un espace de stockage supplémentaire pour développer son activité, pendant que son assistant Sano s’occupe du sale boulot. Sauf qu’avec Internet, personne n’est si difficile à trouver… Voilà Ryosuke pris à son propre piège : toutes les personnes grugées dans son ascension financière vont se rassembler en une bande vengeresse, lourdement armée, portée par une soif chaotique de vengeance qui exclut tout sentiment d’humanité envers sa cible. Le domicile de Ryosuke est assiégé.
S’engage une chasse à l’homme sans pitié, à travers laquelle Kurosawa déploie un théâtre des cruautés d’une invention permanente. Avec une maîtrise magistrale de l’ambiance et un sens aigu de la narration, où tous les retournements sont permis, le cinéaste nous tient en haleine de bout en bout, jusqu’au climax final…