Caravage

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[Cinéma] – VF – De Michele Placido

Avec Riccardo Scamarcio, Louis Garrel, Isabelle Huppert
1h 58min / Biopic, Historique

Synopsis et critique : Utopia

Sans être forcément connaisseurs de la peinture italienne des 16e et 17e siècle, nous sommes nombreux à nous être extasiés un jour devant un tableau de Michelangelo Merisi da Caravagio, connu en France sous le nom de Caravage ou Le Caravage, peintre lombard qui révolutionna la peinture transalpine et sonna picturalement parlant la fin de la Renaissance. Bacchus, Les Tricheurs, Judith et Holopherne, La Conversion de Saint Paul, La Crucifixion de Saint Pierre, La Mort de la Vierge… autant d’œuvres qui ont marqué à jamais les amateurs d’Art. Mais Caravage fut connu en son temps – même si les historiens s’accordent à dire que le trait a été grossi par les historiographes catholiques – autant pour ses tableaux que pour sa vie dépravée et violente, fréquentant jeunes prostituées et voyous, se battant fréquemment jusqu’au sang.

Le récit du film, qui couvre les dernières années de la vie du peintre jusqu’à sa mort en 1610 dans des circonstances encore non élucidées, commence au moment où Caravage s’enfuit de Rome où il a son atelier, suite au duel à l’épée au cours duquel il a trucidé un jeune nobliau. Pour échapper à la justice pontificale en même temps qu’aux menaces des proches de sa victime, il gagne Naples où il entame des démarches pour obtenir la grâce du pape. Lequel va dépêcher un émissaire – « L’Ombre », seul personnage totalement fictionnel du film – pour enquêter sur la moralité et les éventuels crimes de l’intéressé avant de statuer sur le bien fondé de sa requête.
Même si le scénario est centré sur cette dernière année fatale, de nombreux flashbacks permettent de découvrir les personnages qui ont marqué la vie de Michelangelo Merisi : notamment Constanza Colonna, marquise de Caravage (la commune lombarde qui a donné son pseudonyme à Michelangelo Merisi), qui a toujours protégé le peintre depuis son plus jeune âge et qui a permis au garçon d’origine modeste d’accéder aux milieux ecclésiastiques de haut rang, et même aux sphères pontificales. Mais aussi les modèles et égéries qui furent la chair de son œuvre : Lena, prostituée à la beauté sublime qui envouta nombre de prélats et fut plusieurs fois un modèle pour des vierges ; et la rousse et turbulente Anna Bianchini, autre magnifique catin dont il peignit même le cadavre pour La Mort de la Vierge.

Car ce que montre bien Michele Placido, c’est comment Caravage a introduit dans la peinture religieuse une authenticité saisissante en utilisant pour ses modèles bibliques exclusivement des gens de la rue : clochards, petits malfrats, filles de joie. C’est cette authenticité, alliée à sa technique novatrice du clair obscur, qui marqua à jamais l’histoire de la peinture. Mais qui lui attira aussi les foudres d’une partie des milieux religieux, choqués de savoir que les personnages – en particulier bibliques – qu’ils admiraient avaient été incarnés par les pires pécheurs et pécheresses de Rome.

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