La Dégustation

Chargement Évènements

[Cinéma] – De Ivan Calbérac

Avec Isabelle Carré, Bernard Campan, Mounir Amamra
1h 32min / Comédie, Romance

Synopsis et critique : Utopia

La Dégustation a d’abord été un énorme succès de théâtre avant d’arriver sur les écrans : Molière de la meilleure comédie 2019, joué durant de nombreuses saisons aux quatre coins de la France et emballant à chaque fois le public. Tous les ingrédients sont réunis pour que la mayonnaise prenne aujourd’hui au cinéma : un duo de comédiens à fort capital de sympathie, une bluette entre rire et émotions et un petit coup de pinard pour faire passer le tout. Sans être un grand cru millésimé dont nos mirettes se souviendront longtemps, c’est un délicieux breuvage qui passe tout seul, un peu comme un rosé de pays (vin de pays d’Oc, s’il vous plaît) que l’on apprécie bien frais à l’heure de l’apéro et ceci en toute simplicité, ni plus, ni moins.

Jacques boit trop. Ce n’est pas lui qui le dit mais son médecin. En fait ce n’est pas seulement son médecin qui le dit, c’est aussi son cœur. Et le message est exprimé d’une manière claire et sans appel : la prochaine fois, ce sera la bonne, destination 6 pieds sous terre. En même temps, il faut le comprendre Jacques : boire, c’est un peu son métier, il est caviste. Alors sans se mettre minable tous les matins, il boit, un peu, parfois beaucoup, tous les jours, toute l’année, depuis pas mal de saisons. Mais, comme il aime à le dire, « que des grands crus »… alors, ça ne compte pas vraiment.
Cette histoire d’alerte cardiaque ne va pas arranger son moral qui n’est déjà pas des plus folichons : sa petite affaire ne tourne pas fort, sa boutique est un vrai capharnaüm et voilà qu’il doit accueillir à contrecœur un jeune pour un stage de réinsertion afin d’obtenir quelques rabais fiscaux. Bref, quand Hortense pousse la porte de son échoppe pour acheter une bouteille de vin en vue du dîner mensuel qu’elle prépare avec générosité et abnégation pour les sans-abris de sa paroisse, ce n’est pas un commerçant des plus avenants qui l’accueille. Mais Hortense est du genre ravi, toujours le sourire, toujours l’enthousiasme, toujours le verre à moitié plein. Pourtant, sa vie à elle n’est franchement pas non plus des plus exaltantes : elle aussi habite seule, pas avec maman dans un très vieil appartement mais c’est quasi, vit au rythme des déjeuners dominicaux, des parties de scrabble, des célébrations, des œuvres caritatives et de son métier de sage-femme qu’elle adore mais qui lui renvoie à chaque instant son brûlant désir de maternité.

Bon, sans vous faire ni un cours d’œnologie, ni un schéma reprenant la carte des vins et cépages de France, vous aurez compris que ces deux-là vont croiser un peu plus que leurs verres lors d’une séance de dégustation dans la cave de la boutique, sous le regard tendre du jeune et tchatcheur stagiaire qui s’avère détenir un nez et un palais exceptionnels. Il y aura bien quelques blessures secrètes, des projets à peine avoués, des envies de boire malgré les recommandations, et des arômes doux et musqués qui se révèleront à qui voudra bien les chercher. Et si ça vous donne soif en sortant, c’est parfait car le café du cinéma sera probablement encore ouvert pour un verre… ou deux, car à deux, c’est souvent mieux.

Aller en haut