Camila sortira ce soir

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[Cinéma] – VOST (AR) – De Inés María Barrionuevo

Avec Nina Dziembrowski, Adriana Ferrer, Carolina Rojas
1h 43min / Drame, Romance

+ Tu préfères : action ou action ? – 2022/FR/2mn (court métrage précédant le film)

Synopsis et critique : Utopia

Les premiers plans de Camila sortira ce soir nous montrent une jeune fille de dos qui, avec ses amis, court, fait le mur et échappe à la police, dans une scène pleine de l’énergie de la jeunesse, de la solidarité entre amis et de l’allégresse de l’engagement. Mais cet élan de liberté cesse bien vite lorsque la grand-mère de Camila tombe malade et qu’elle est alors obligée de suivre sa mère et sa sœur à la capitale, Buenos Aires. Changement radical. Camila se retrouve alors dans un lycée privé bourgeois, catholique, traditionaliste, dans lequel l’école buissonnière laisse place à un conformisme gris, un uniforme trop long et une fermeture d’esprit comme de corps : ici pas d’engagement ni de révolte possibles, juste une absence totale de bruit, de vagues et de couleurs !
Dans ce décor terne, nous ressentons la morosité, l’ennui et la colère qui sourd. Car, comme toute adolescente au caractère bien trempé approchant de l’âge dit « de raison », Camila ne veut pas de cette claustration et tente d’y échapper par la rébellion, l’insolence parfois blessante et le refus des compromis.
C’est le soir, avec ses nouveaux camarades d’école, que l’ambiance s’illumine enfin. Les voilà à la fête, en tenue légère, libérés des carcans de la journée : ils peuvent enfin se laisser aller. Loin des pressions, ils assument alors leur corps, leur sexualité tâtonnante et échangent leurs idées sur les questions actuelles sans crainte du regard des autres.

Avec beaucoup de fluidité et de sensibilité, Inés Maria Barrionuevo aborde ces thématiques propres au passage à l’âge adulte tout en replaçant son héroïne et ses amis dans la lutte féministe de son pays, d’abord de manière floue, puis contextualisée par ce foulard que l’école oblige Camila à dénouer pour ne pas encourager les engagements politiques. Ce petit foulard vert est le signe de la « marée verte » qui a déferlé de l’Argentine pour gagner progressivement tout le continent. Véritable symbole de la lutte des Argentines pour la reconnaissance de leur droit à l’IVG, il vient rappeler que ce droit, dans le pays natal du souverain pontife, est une victoire récente puisque la loi a réellement été votée le 30 décembre 2020, après 30 ans de combats. Et l’avortement reste encore interdit dans de nombreux pays d’Amérique latine.
Néanmoins, Camila sortira ce soir est avant tout le portrait intime et tout en douceur de cette jeunesse féministe. L’accent est moins porté sur la dimension de la lutte que sur ce à quoi elle aboutit : l’ouverture au désir et l’ancrage au monde de cette jeune fille qui garde, du début jusqu’à la fin, une part de mystère.

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